Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : chevaux (17)(...) » Je serrai Graüben dans mes bras, et pris place dans la voiture. Marthe et la jeune fille, du seuil de la porte, nous adressèrent un dernier adieu ; puis les deuxchevaux, excités par le sifflement de leur conducteur, s'élancèrent au galop sur la route d'Altona. VIII Altona, véritable banlieue de Hambourg, est tête de ligne du chemin de fer de Kiel qui devait nous conduire au rivage des Belt. (...)
Mais quand il apprit qu'il s'agissait de milles danois de vingtquatre mille pieds, il dut rabattre de son calcul et compter, vu l'insuffisance des chemins, sur sept ou huit jours de marche. Quatrechevauxdevaient être mis à sa disposition, deux pour le porter, lui et moi, deux autres destinés à nos bagages. (...)
Fridriksson, pour lequel je me sentais pris d'une vive sympathie ; puis, à la conversation succéda un sommeil assez agité, de ma part du moins. A cinq heures du matin, le hennissement de quatrechevauxqui piaffaient sous ma fenêtre me réveilla. Je m'habillai à la hâte et je descendis dans la rue. (...)
» Ce raisonnement à peine achevé, nous avions quitté Reykjawik. Hans marchait en tête, d'un pas rapide, égal et continu. Les deuxchevauxchargés de nos bagages le suivaient, sans qu'il fût nécessaire de les diriger. Mon oncle et moi, nous venions ensuite, et vraiment sans faire trop mauvaise figure sur nos bêtes petites, mais vigoureuses. (...)
Souvent ces chaînes de rocs arides faisaient une pointe vers la mer et mordaient sur le pâturage ; mais il restait toujours une place suffisante pour passer. Noschevaux, d'ailleurs, choisissaient d'instinct les endroits propices sans jamais ralentir leur marche. (...)
Voilà une jolie promenade. » Il voulut faire une observation au guide, qui, sans lui répondre, reprit la tête deschevauxet se remit en marche. Trois heures plus tard, toujours en foulant le gazon décoloré des pâturages, il fallut contourner le Kollafjord, détour plus facile et moins long qu'une traversée de ce golfe ; bientôt nous entrions dans un « pingstaoer », lieu de juridiction communale, nommé Ejulberg, et dont le clocher eût sonné midi, si les églises islandaises avaient été assez riches pour posséder une horloge ; mais elles ressemblent fort à leurs paroissiens, qui n'ont pas de montres, et qui s'en passent. Là leschevauxfurent rafraîchis ; puis, prenant par un rivage resserré entre une chaîne de collines et la mer, ils nous portèrent d'une traite à l'» aoalkirkja » de Brantär, et un mille plus loin à Saurböer « Annexia », église annexe, située sur la rive méridionale du Hvalfjord. (...)
6 Le fjord était large en cet endroit d'un demi-mille au moins ; les vagues déferlaient avec bruit sur les rocs aigus ; ce golfe s'évasait entre des murailles de rochers, sorte d'escarpe à pic haute de trois mille pieds et remarquable par ses couches brunes que séparaient des lits de tuf d'une nuance rougeâtre. Quelle que fût l'intelligence de noschevaux, je n'augurais pas bien de la traversée d'un véritable bras de mer opérée sur le dos d'un quadrupède. (...)
- Sans doute, il faut attendre la marée ? - Förbida ? demanda mon oncle. - Ja », répondit Hans. Mon oncle frappa du pied, tandis que leschevauxse dirigeaient vers le bac. Je compris parfaitement la nécessité d'attendre un certain instant de la marée pour entreprendre la traversée du fjord, celui où la mer, arrivée à sa plus grande hauteur, est étale. (...)
L'instant favorable n'arriva qu'à six heures du soir ; mon oncle, moi, le guide, deux passeurs et les quatrechevaux, nous avions pris place dans une sorte de barque plate assez fragile. Habitué que j'étais aux bacs à vapeur de l'Elbe, je trouvai les rames des bateliers un triste engin mécanique. (...)
Ce concert fut interrompu par l'annonce du repas. En ce moment rentra le chasseur, qui venait de pourvoir à la nourriture deschevaux, c'est-à-dire qu'il les avait économiquement lâchés à travers champs ; les pauvres bêtes devaient se contenter de brouter la mousse rare des rochers, quelques fucus peu nourrissants, et le lendemain elles ne manqueraient pas de venir d'elles-mêmes reprendre le travail de la veille. (...)
Pas un arbre, si ce n'est quelques bouquets de bouleaux nains semblables à des broussailles. Pas un animal, sinon quelqueschevaux, de ceux que leur maître ne pouvait nourrir, et qui erraient sur les mornes plaines. Parfois un faucon planait dans les nuages gris et s'enfuyait à tire-d'aile vers les contrées du sud ; je me laissais aller à la mélancolie de cette nature sauvage, et mes souvenirs me ramenaient à mon pays natal. (...)
Notre direction était alors à l'ouest ; nous avions en effet tourné la grande baie de Faxa, et la double cime blanche du Sneffels se dressait dans les nuages à moins de cinq milles. Leschevauxmarchaient bien ; les difficultés du sol ne les arrêtaient pas ; pour mon compte, je commençais à devenir très fatigué ; mon oncle demeurait ferme et droit comme au premier jour ; je ne pouvais m'empêcher de l'admirer à l'égal du chasseur, qui regardait cette expédition comme une simple promenade. (...)
Le professeur ne le perdait pas des yeux ; il gesticulait, il semblait le prendre au défi et dire : « Voilà donc le géant que je vais dompter ! » Enfin, après vingt-quatre heures de marche, leschevauxs'arrêtèrent d'eux-mêmes à la porte du presbytère de Stapi. XIV Stapi est une bourgade formée d'une trentaine de huttes, et bâtie en pleine lave sous les rayons du soleil réfléchis par le volcan. (...)
» Pendant ce temps, le guide mettait le « kyrkoherde » au courant de la situation ; celui-ci, suspendant son travail, poussa une sorte de cri en usage sans doute entrechevauxet maquignons, et aussitôt une grande mégère sortit de la cabane. Si elle ne mesurait pas six pieds de haut, il ne s'en fallait guère. (...)
Je ne veux pas dire du mal de ces pauvres prêtres qui, après tout, sont fort misérables ; ils reçoivent du gouvernement danois un traitement ridicule et perçoivent le quart de la dîme de leur paroisse, ce qui ne fait pas une somme de soixante marks courants7. De là, nécessité de travailler pour vivre ; mais à pêcher, à chasser, à ferrer deschevaux, on finit par prendre les manières, le ton et les moeurs des chasseurs, des pêcheurs et autres gens un peu rudes ; le soir même je m'aperçus que notre hôte ne comptait pas la sobriété au nombre de ses vertus. (...)
Les préparatifs de départ furent donc faits dès le lendemain de notre arrivée à Stapi. Hans loua les services de trois Islandais pour remplacer leschevauxdans le transport des bagages ; mais, une fois arrivés au fond du cratère, ces indigènes devaient rebrousser chemin et nous abandonner à nous-mêmes. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...