Chroniques de la Marelle - Acte Premier : Yarick
«C'était il y a longtemps. Cinq ans au moins pour cette Ombre Terre, mais sans doute réellement davantage...» INTRO : Lycia lavait dans l'eau claire ses doigts souillés des sangs mêlés de son ami et de leur chaotique Némésis. Dans les volutes saumâtres que ses adorables mains laissaient paresseusement traîner au cours de l'onde, Lycia m'espérait instinctivement. Fugace, je la renvoyai au flot ininterrompu de ses pensées courantes. _ ' Nous voilà à présent plus que quittes', pensa-t-elle«C'était> ...Contient : yarick (30)Chroniques de la Marelle - Acte Premier :Yarick«C'était il y a longtemps. Cinq ans au moins pour cette Ombre Terre, mais sans doute réellement davantage...» INTRO : Lycia lavait dans l'eau claire ses doigts souillés des sangs mêlés de son ami et de leur chaotique Némésis. (...)
Elle devinait cependant qu'arborer le visage de ses émotions serait commettre un écart tardif sur le chemin de la cruelle maturité familiale. Malgré ses blessures et des pertes sanguines impressionnantes,Yarickétait resté conscient, bien qu'étrangement silencieux et serein le temps que Lycia lui administre avec une savante douceur, les premiers soins d'urgence. (...)
Nullement troublée, en apparence, par ce regard fatigué mais empreint d'une douce et souriante sympathie, Lycia planta la flamme fière de ses prunelles émeraudes dans celles deYarick, certaine de l'effet escompté. Mais cependant moins sûre de ce qu'elle éprouvait, elle, devant ce grand jeune homme certes encore point débarrassé de la fougue benoîte inhérente à son jeune âge, mais qui s'était battu pour elle. (...)
' pontifia Lycia d'un ton soutenu qui déguiserait son orgueil sous une courte pointe d'humour. _ ' La moitié seulement !, réponditYarickd'une voix rieuse et rauque, l'autre moitié, eh bien je suppose que c'est du 50/50 à nouveau ?' _ ' A la bonne heure ! Si je ne m'étais pas préoccupée de vous PrinceYarick, vous ne seriez pas qu'à demi exsangue ! Vous seriez plus avisé de faire montre d'un peu plus de gratitude ' rétorqua Lycia d'un ton badin mais insistant. _ ' Mais je ne t'ai rien demandé !' déclaraYarick, le sourire plein d'une candide évidence. Le regard acéré d'indignation que vrilla Lycia au fond de ses prunelles sombres aurait pu être le coup fatal. MaisYaricklui sourit comme il souriait à la vie.Yarickprit sa première respiration à vingt deux ans, lorsque qu'Eric d'Ambre son père, présumé, comme tant de choses prétendues réelles, le mena au Château. D'Ambre. (...)
C'est ainsi que certains le cernèrent sans vraiment le comprendre, et lui offrirent ce qu'il croyait désirer, dans le seul but de le posséder. L'essence deYarickest pure mais fragile et aussi malléable que celle d'un enfant sans enfance.Yarickembrassa donc nombre de quêtes, sans mesurer leur portée, sans en envisager les risques, et sans attendre beaucoup d'Ambriens assez retors pour exploiter l'abondant filon de sa complaisante naïveté. Filon d'autant plus précieux que quelques miettes de savoir ou de reconnaissance savent l'acheter. MaisYarickn'est pas flamme à garder en 4 pierres. Nombres d'apprentis sorciers ou manipulateurs experts ont vu leurs prédictions ruinées par quelque volte-face fantaisiste du phénomène, ou quelque lassitude, ou encore quelque aléatoire urgence... CarYarickest aussi guidé par ses faims, et leur assouvissement ne souffre point de retard. La majorité des victimes de ses frasques, des Ambriens les plus égocentriques aux plus tolérants (une différence restreinte !) ont vu en ces gestes un mépris total deYarickenvers le protocole, l'ordre des choses et pire encore leur propre personne. Les blessures à l'orgueil étant les plus graves au royaume d'Ambre,Yarickest devenu aux yeux de ses victimes une sorte de paria. Qui mérite d'après les plus pondérés l'opprobre de l'ostracisme. (...)
Malgré cette incompréhension à envisager d'abord, puis à imaginer ensuite les émotions de ses pairs,Yarickreste sous des dehors de fière et virile assurance (d'aucuns diront suffisance !) un homme plutôt amical, tolérant, de bonne volonté, et franc, si tant est que l'on puisse considérer ce trait comme une qualité en Ambre. (...)
Sachant que ce caractère fantasque dont nous dressions le tableau précédemment ne représente qu'un facteur de létalité négligeable devant la peur, oui la peur, qu'il inspire au sein de sa famille ? Parce queYarickd'Ambre est puissant, indiciblement puissant. L'origine et l'étendue de cette puissance restent un mystère, et un autre motif de crainte inavouée chez maintes figures du gotha Ambrien, dont encore bien des réactions restent à leur corps défendant fort primitives. Pourtant, c'est la puissance queYarickgère avec le plus de recul. Spirituellement, même si ses obnubilant désirs l'éloignent des chemins de la persévérance, c'est un des Ambriens les plus matures qu'il m'a jamais été donné de rencontrer. (...)
Plus que tout autre, sa vie, heurtée et brisée comme un éclair dans le ciel pourpre du Chaos primordial, semble être sans fin. CarYaricka pris l'habitude de mourir, et de revenir à la vie. Tel un funambule du fil de la Parque,Yarickne veut pas mourir. Et bien que ses 'assassins' furent souvent les personnes qui avaient le moins de désir de le voir mort, fut-ce pour un temps,Yarickmeurt avec de plus en plus de réticence. Il n'hésite plus désormais à faire appel à sa gigantesque puissance, menaçant avec véhémence de cette fois-ci tout détruire pour sinon survivre, ne pas se laisser faucher sans combattre, et sans se priver de faire autant de mal qu'on lui en fait. (...)
Avis aux braves fous épris de leur version intime de la justice universelle, qui tenteront (encore) de le précipiter (enfin) dans l'oubli. Voilà ce qu'estYarick, d'après ce que sa propre âme en raconte. Des versions diverses de cet acte premier 'Yarick' existent, édifiantes, drôles et presque toutes éloignées de la vérité que je suis persuadé par essence de détenir. Outre les responsables de sa triste errance, un ami, un ennemi, et un frère naguère au delà du miroir, les autres se cantonnent à une vision réductrice d'unYarickatavique, allégorie immortelle de la faiblesse ambrienne. Les Ambriens n'aiment pas l'image d'eux-mêmes queYarickleur renvoie.Yarickne voit pas l'image que les autres lui renvoient. MaisYarick, malgré la sourde peur qui l'étreint, et l'empêche de regarder sous le lit de son enfance,Yarickest tel un quark primordial libre dans l'Abysse primitive, et arpente hasardeusement le monde qui lui est imparti. Avec la certitude en lui, comme un legs de son frère chiral, qu'un con qui marche va plus loin que quatre sages assis... Je vis dans l'attente du moment où il découvrira que la lumière salutaire qui devra éclairer son passé trouble, n'est en fait que le pavé dans la mare de ses souvenirs, et la flamme dans son ventre qui lui donne l'énergie pour vivre comme il l'a toujours fait. Ou comme il a été voulu.Yarick. Quelle étrange alchimie. ... OUTRO : _ ' AlorsYarick, comment s'est passé notre petite sortie, hmmm ?' _ ' Pffff... C'était du bateau.' répondis-je, las. (...)
_ ' Si tu continues tes frasques minables, je te JURE que je t'ouvre pour vérifier que tu n'as pas avalé un bouffon ! Je te l'ai ditYarick, n'amène rien que tu ne veuilles partager !' _ ' Je n'aime pas raconter.'