Le Journal de Lycia (Premières chroniques) - Esprit
de familleJe me trouve à nouveau sur le pont de ce maudit navire secoué par un océan déchaîné. Acculée à la proue du bateau, encerclée par des brutes sales et aveuglées par leurs croyances, je ne sais plus quoi inventer pour m'en sortir. Ma vision est teintée du rouge de mon propre sang, ils sont trop nombreux pour que je puisse espérer les éliminer un à un. Et cette douleur à la tête ne cesse d'empirer. Des mains calleuses s'emparent de moi, plaquant plus encore sur ma peau des vêtements détrempés d'écume ...Contient : yarick (20)(...) Pourtant un élément persistait, une tentative d'intrusion dans mon esprit. Je me couvrais du drap et acceptai le contact d'Atout.Yarickapparut devant moi, visiblement fatigué. Il tendait une main faible et maculée de sang : 'Lycia... fais-moi passer '. Je n'hésitai pas et saisis le bras offert.Yaricks'écroula à mes côtés sur le lit. Son visage aussi pâle que les draps m'inquiétait. ' Reste tranquille quelques instants, lui dis-je constatant qu'il avait fermé les yeux, je reviens. (...)
' Je me glissai hors du lit et me dirigeai vers la salle d'eau. J'y rassemblai des serviettes de toilette, emplis la cuvette d'eau fraîche et passai un peignoir.Yarickme suivait du regard quand je pénétrais à nouveau dans la chambre. Il paraissait moins pâle. ' J'espère que tu ne tenais pas trop à cette chemise, je vais devoir regarder à quoi ressemble ton épaule. (...)
Un peu plus tôt dans la soirée, Eric avait contacté son fils par Atout pour que celui-ci vienne lui prêter main forte. A eux deux, ils étaient parvenus à mettre en déroute l'agresseur d'Eric.Yaricks'était tu, ne songeant pas à poursuivre. Je m'assis donc sur le rebord du lit et l'interrogeai : ' Qui était-ce ? (...)
Je ne comprenais pas comment Eric avait réuni la concentration nécessaire à un contact d'Atout en se battant, mais je m'abstins de poser la question carYarickcontinuait. ' Mon père était blessé également. Comme je ne pouvais pas l'amener ici, j'ai appelé Gerard avant toi pour qu'il prenne soin de lui.' J'acquiesçai de la tête. La blessure deYarickne saignait plus, je l'aidai à se relever et le raccompagnai à sa chambre. Mandor nous guida à travers un long bâtiment jusqu'à nos montures, apparemment bien soignées. (...)
Nous nous rapprochions de la curieuse Ombre d'accueil du jeune homme, à un train d'enfer. La présence deYaricket Robin derrière moi m'était indifférente, je les oubliais parfois. Pourtant, lorsque je sus que nous pénétrions notre destination, je m'arrêtais pour les attendre. (...)
Lorsque nous fûmes hors d'atteinte physique de Karadriel, tout, tout disparut subitement. J'entendaisYaricket Robin discuter âprement la meilleure méthode pour se débarrasser de ces 'chiens de garde'. (...)
Elégante, et presque enfantine par certaines expressions. Comment pouvait-elle avoir commis pareille monstruosité ?Yaricket Robin avaient résolu d'aller dans l'Ombre de ce dernier chercher des hommes en nombre suffisant pour nous permettre d'accéder à Karadriel. (...)
Des hommes, une armée d'homme avait traversé le bourg, détruisant toute trace de vie sur son passage. Des soldats, tous vêtus de vert. Je tournai mon regard versYarick. Pouvait-il y avoir un rapport avec l'agresseur de son père ? Pourquoi mêler Robin à cela ? Nous ne pouvions plus rien pour Sylvania. (...)
Mes soins semblaient avoir éloigné de ses souvenirs l'horreur sanglante qui nous entourait. A l'abri des murs de Robin, il somnolait. Celui-ci était parti en compagnie deYarickvérifier les cités avoisinantes et rassembler les hommes nécessaires à notre entreprise. A leur retour, la nuit tombait. (...)
Investi de cette mission de confiance l'elfe avait accepté à regret. Encore terrifié peut-être, mais n'osant pas protester contre ses maîtres.Yaricket Robin avaient préparé nos guerriers au spectacle qui les attendait et aucun ne cilla lorsque nous parvînmes à destination. (...)
Les poules terrassées par l'épée se relevaient, toutes, pour reprendre leur inlassable activité et pondre des chiens enragés. Je me frayais un chemin jusqu'àYarick. Lui aussi avait pris conscience du problème. Nous ne pouvions espérer aider Karadriel dans ces circonstances. Avant que j'ai pu l'arrêter,Yarickavait sorti l'Atout de son père. Je l'enviais de pouvoir ainsi se reposer sur lui. Quelques questions à son fils, et Eric apparut devant nous, bientôt suivi de Gerard. (...)
Pourtant, plutôt que de blâmer nos choix, ils nous vinrent en aide. Alentour, les soldats de Robin s'épuisaient toujours à contenir l'étrange menace. Gerard etYaricksoulevèrent l'horreur qu'était devenu Karadriel. Le pauvre semblait maintenant avoir repris connaissance. (...)
Mes manipulations d'Ombre semblaient avoir affecté curieusement Karadriel dont la rigidité paraissait diminuer. Le père deYarickconfirma mon impression. Maintenant que nous avions retiré Karadriel de sa prison, les sorts dont il était victime se délitaient et il retrouverait progressivement son apparence. (...)
Je contemplai Eric avec curiosité. Un détail à son sujet me troublait, et je ne parvenais pas à l'identifier. Lui etYarickdiscutaient doucement à quelques pas, Gerard acquiesçant de temps en temps à leurs paroles. Robin derrière moi contemplait le visage tordu de douleur de Karadriel. (...)
Je ne savais pas où était ma place ici et...et en Ambre réalisais-je. Sa naissance plaçait de manière évidenteYaricksous la coupe de son père. Il en allait de même pour Robin. Mais je restais certainement un personnage suspect aux yeux d'Eric et Gerard. (...)
Je tentai à nouveau de calmer son esprit perturbé, mais lui se contenta de réclamer encore et encore un crayon et du papier, ne semblant pas prêter attention à mes paroles.Yaricket Robin restaient en retrait, mal à l'aise. Je les comprenais. Finalement, j'optai pour ma dernière solution. (...)
Quoiqu'ils en fassent, je ne devais pas m'en mêler. C'était en tout cas ainsi que je souhaitais mes retrouvailles avec Père. Je rejoignisYaricket Robin en silence. Nul d'entre nous ne dit mot. Mandor et Karadriel échangeaient de brèves phrases que le vent ne portait pas jusqu'à nos oreilles. (...)