Le Journal de Lycia (Premières chroniques) - Illusions
Nous parvînmes dans le hall et j'y découvris surprise et soulagée, Flora, Neige, Marelsa, Yarick et Julian. A l'exception de Flora et Julian, tous semblaient s'être arrachés à contrecœur au sommeil et la vaste salle en paraissait d'autant plus calme. Julian salua notre arrivée d'un hochement de tête dont je ne sus s'il était approbateur ou un reproche de notre retard. Je m'approchais de Yarick, suivie de Robin. N'osant prendre la parole au milieu de ces chuchotements d'église, je fus devancée par ...Contient : yarick (28)Le Journal de Lycia (Premières chroniques) - Illusions Nous parvînmes dans le hall et j'y découvris surprise et soulagée, Flora, Neige, Marelsa,Yaricket Julian. A l'exception de Flora et Julian, tous semblaient s'être arrachés à contrecoeur au sommeil et la vaste salle en paraissait d'autant plus calme. (...)
Julian salua notre arrivée d'un hochement de tête dont je ne sus s'il était approbateur ou un reproche de notre retard. Je m'approchais deYarick, suivie de Robin. N'osant prendre la parole au milieu de ces chuchotements d'église, je fus devancée par Julian : ' La situation a évolué rapidement au cour de la nuit', énonça-t-il calmement. (...)
' Neige, Marelsa et Robin, vous m'accompagnerez en Arden. Les soldats du Roi auront besoin de notre aide pour arrêter les assauts menés par Deirdre.Yaricket Lycia, vous suivrez Flora jusqu'à la salle de la Marelle pour veiller à ce que Brand n'y fasse rien de fâcheux. (...)
Nous marchions maintenant en direction des escaliers menant à la salle de la Marelle, et je songeais avec appréhension à ce qui pourrait se produire. Comment réagiraient Flora etYaricksi Brand apparaissait et s'adressait à moi comme il l'avait fait cette nuit ? Mieux valait ne pas y songer. (...)
Marche après marche nous nous enfoncions dans les profondeurs du château. Flora, chose rare, ne prononçait pas un mot,Yaricknon plus. Quant à moi, une autre idée me préoccupait maintenant : pourquoi nous choisir tous les trois pour veiller sur la Marelle quand il m'apparaissait que d'autres étaient certainement bien plus compétents ? (...)
Une petite voix très désagréable s'obstinait à me répondre qu'il s'agissait d'un test, une façon de confirmer leurs soupçons : peut-être pensaient-ils qu'une fois dans la salle de la Marelle, je prendrais position aux côtés de Brand. Mais non, c'était ridicule, un risque énorme. Alors pourquoi ? Je levais la tête versYaricket lui chuchotais ma question. Malgré le bruissement de sa robe à chaque pas, Flora m'entendit, car ce fut elle qui répondit : ' Tous mes frères sont certainement déjà occupés à des tâches d'une importance similaire ou supérieure, Lycia. (...)
Je me laissai submerger encore par la majesté du tracé, mes yeux s'égaraient sur les courbes à l'éclat bleuté si hypnotisant. De longues minutes s'écoulèrent ainsi, dans un néant auditif envoûtant.Yaricket moi avions parcouru, probablement inconsciemment, les quelques pas qui nous séparaient de l'entrée du tracé. (...)
Et bien qu'ayant tendu l'oreille, je ne parvins pas à distinguer ses paroles. Elle demanda finalement àYarickde bien vouloir lui accorder quelques minutes. Je les observai tous deux, tentant de dissimuler l'appréhension qui montait en moi.Yarickme jeta un bref regard curieux, les yeux de Flora brillèrent d'une lueur de reproche. A l'intention deYarickou à la mienne ? Le jeune homme revint finalement vers moi, la démarche traînante et la mine trop inexpressive. (...)
Ces paroles m'estomaquaient suffisamment pour que je semble étonnée, mais je me composai tout de même un visage incrédule pour répondre àYarick: ' Je ne comprends pas ! Mes Atouts ne fonctionnaient pas cette nuit. Mon dernier contact remonte à hier matin, lorsque Random m'a demandé de lui apporter...oh...peut-être...oui, ça expliquerait ce qui s'est produit sur la falaise n'est ce pas ? (...)
' Je réalisai à mesure que les mots sortaient de ma bouche comme cette explication pouvait être vraisemblable. Mieux que ça, je touchai probablement la vérité.Yarickparaissait écouter sans a priori mes paroles. Aussi, je continuai et apportai des précisions sur mon idée lorsqu'il les demanda. (...)
Comment était-il arrivé là ? Probablement par les mêmes moyens que quelques heures plus tôt dans mes appartements.Yarickavançait vers lui mais avant qu'il ne l'ait rejoint Brand menaçait déjà Flora de la pointe d'une dague. ' Non non nonYarick, reste où tu es...' dit Brand sur un ton sifflant et presque ironique. Il se baissa ensuite pour soulever de terre Flora, toujours inconsciente. (...)
Enoncé de cette manière, il laissait entendre qu'en me rendant sur la falaise avec le Joyau, j'avais agi en toute connaissance de cause. Flora n'avait rien entendu, heureusement. J'espérais queYaricks'en tiendrait à ma version. Brand se tenait maintenant très près du tracé, et maintenait Flora par un bras sur lequel il fit courir sa lame. (...)
Le regard troublant de Brand ne nous quittait pas. La colère qui perça soudain dans ses yeux attira mon attention surYarick. Celui-ci avait lentement reculé jusqu'à moi, jusqu'à l'entrée de la Marelle précisément. Et il posa le pied sur le tracé. (...)
Il avait conservé le Joyau avec lui ! Je retins mon souffle. Brand avait probablement compris en même temps que moi le geste deYarick. S'il s'aventurait à le suivre sur le tracé, il se trouverait affaibli par l'effort et m'offrait la possibilité d'appeler des secours. (...)
Il laissa retomber le bras de Flora en poussant un juron que je ne compris pas, puis disparut comme il était arrivé. J'éloignais Flora du tracé qu'elle frôlait dangereusement à mon goût, puis observaiYarick. Il avançait méthodiquement, sans efforts apparents. Sa silhouette se découpait sur un halo mêlé de bleu et de rouge. (...)
J'observais avec intérêt les réactions de la Marelle. Elle semblait en pleine activité, les flammes bleutées qui léchaient maintenant les bottes deYarickparaissaient répondre aux pulsations sanglantes émises par la pierre autour de son cou. Une fois parvenu au premier voile, le jeune homme avait déjà considérablement ralenti son allure, beaucoup plus que je n'avais souvenir de l'avoir fait.Yarickétait maintenant immobile, au coeur de la première épreuve du tracé. Je retenais mon souffle, esquissant en pensée les mouvements nécessaires, maisYarickne bougeait toujours pas. De ma position à l'entrée de la Marelle, je n'apercevais pas son visage, mais son attitude ne reflétait aucune inquiétude, non, il semblait simplement avoir oublié d'avancer. (...)
N'y tenant plus je m'engageais à mon tour et laissais m'envahir les sensations maintenant si familières. Emergeant parfois de la fascination qu'exerçait sur mon esprit la Marelle, j'apercevaisYaricktoujours figé dans le premier voile. Je le rattrapais le temps de parcourir plusieurs dizaines d'années de souvenirs, et posais ma main sur son épaule. Je frémis sous le contact. L'esprit deYaricksemblait tenter d'enfoncer une barrière mentale. J'ignorais quelle en était la nature, mais il avait su résister jusqu'à présent et je ne courais donc pas de danger en joignant mes efforts aux siens. (...)
La résistance céda brusquement, et nous retrouvâmes tous deux brutalement conscience de la réalité : la Marelle et la nécessité d'avancer.Yarickrepartit d'un pas difficile et je l'imitais étonnée de ne pas peiner plus, concentrée malgré tout. (...)
A l'instant où la pression se relâche, quelques instants avant le second voile, une silhouette au loin me fit sursauter. Juste avant queYarickn'aborde l'épreuve j'eus le temps de lui signaler : 'C'est mon père' fut la seule réponse que je saisis avant que les flammes bleues et froides ne l'engloutissent. Je m'y enfonçais à mon tour, et je compris en émergeant :Yarickavait profité de la Marelle, du Joyau et de moi pour ramener son père à la vie. L'homme en noir m'avait parlé du Joyau du Jugement, de la possibilité qu'y survivent les esprits accordés.Yarickle savait probablement aussi, et au centre de la Marelle, Eric observait, nous attendant. Et chacun de mes pas un peu plus lourd de fatigue, l'esprit accablé d'autant par le discours dément de Brand, je continuais d'avançer. . Qu'allait répéterYarick? Ces souvenirs douloureux ravivés encore une fois par la Marelle étaient pourtant bien les miens, que ne pouvais-je les partager pour les convaincre ! (...)