De la monnaie et du numéraire
sur Ballon-Taxi au format (3.5 Mo)
Du métal et des monnaies. « Le numéraire ne servant ni à la nourriture de l'homme, ni à son entretien, ni à rien de ce qu'il consomme pour son usage, il faut chercher ailleurs la raison de l'importance qu'on lui accorde et de l'intérêt qu'on attache à en posséder la plus grande quantité possible. Nous trouvons bien, dans l'histoire, que quelques peuples ont vécu heureux sans lui, et ont atteint un certain degré de puissance ; mais ces exemples sont excessivement rares, tandis que le nombre des ...Contient : métaux (13)(...) Nous trouvons bien, dans l'histoire, que quelques peuples ont vécu heureux sans lui, et ont atteint un certain degré de puissance ; mais ces exemples sont excessivement rares, tandis que le nombre des pays où l'on remarque l'emploi des monnaies est incalculable ; on en retrouve des traces partout et à toutes les époques. Ceux mêmes qui proscrivent lesmétauxprécieux et les accusent de corruption, reconnaissent cependant l'utilité, la nécessité de la monnaie, seulement ils en bornent l'emploi aux petites transactions, aux usages journaliers ; et ils l'établissent en lingots de fer d'un grand poids, afin que leur incommodité prévienne le désir de l'accumulation. (...)
[...] Le propre de la monnaie est justement d'intervenir dans toutes les opérations, de faciliter tous les échanges. On a été conduit à utiliser lesmétauxprécieux, l'or et l'argent pour Forge, le Sélénium pour Exil, pour fabriquer les monnaies, pour plusieurs raisons. (...)
Ce sont tous ces services, employés et détruits, toutes ces avances qu'il a fallu faire, qui constituent le prix desmétauxprécieux, soumis, au reste, comme toutes les autres marchandises aux fluctuations qui résultent de l'abondance ou de la rareté. L'or, l'argent et le sélénium étaient chers, c'est-à-dire qu'avec une petite quantité de cesmétaux, on obteniat beaucoup de choses, lorsque l'exploitation des mines, encore mal dirigée, n'en faisait venir que de faibles parties dans la circulation ; ils renchérissaient encore lorsque des lois attachaient quelques périls à leur propriété. (...)
Malgré cette diminution réelle, les gouvernements ne convinrent pas de leurs fautes, et les répétèrent constamment ; ils en commirent encore une autre, ce fut de considérer l'or et l'argent comme la richesse même, tandis que cesmétauxne sont que des intermédiaires, des instruments de commerce, et qu'ils n'ont pas même une utilité matérielle aussi grande que d'autresmétaux, le fer, par exemple, avec lequel on peut faire des outils, tandis qu'ils sont impropres à cet usage. Partant de cette idée fausse, on défendit longtemps l'exportation de l'or et de l'argent hors de l'Empire de Kargarl, sous des peines d'une sévérité draconienne, celle de la mort entre autre ; et on ne vit pas qu'en leur qualité de marchandise, qualité qu'on leur déniait à la vérité, ils pouvaient être expédiés hors du royaume, en paiement d'achats faits à l'étranger, avec plus d'avantage pour l'exporteur comme pour le destinataire, que tout autre marchandise : cas qui se présenta toutes les fois que le change fut avantageux, ou que les produits du pays qui exportait son or, étaient inférieurs, soit par la qualité, soit par le prix, à ceux du pays dans lequel on l'envoyait. L'utilité réelle desmétauxprécieux consiste, ainsi que je l'ai démontré plus haut, à servir et à faciliter les échanges du commerce auxquels ils sont presqu'aussi nécessaires que les routes, et c'est même chose remarquable que d'observer comme ces grands agents du négoces se sont, à toutes les époques, perfectionnés simultanément. (...)
Nous nous occuperons plus tard de ces perfectionnements de la monnaie, des banques et du crédit ; continuons, ce soir, nos recherches sur le numéraire métallique, et terminons d'abord par quelques chiffres, ce qui a rapport auxmétauxproprement dits. Je vous citerai, comme confirmant ce que je vous disais tout à l'heure, relativement au caractère de marchandise qu'on ne peut dénier à l'or, à l'argent et au sélénium, la variation des rapport entre ces troismétauxpar suite de l'abondance ou de la rareté de l'un d'eux. L'argent étant pris comme étalon, nous voyons, au cours actuel : Argent : 1 = Or : 14 = Sélénium : 37 Un savant exiléen nous fournit encore d'autres renseignements. (...)
Par ailleurs, le sélénium, seulement deux fois plus rare que l'or dans la nature, a la particularité de ne se trouver que sur notre lune et d'être d'une préciosité élevée hors d'Exil ; les maisons de change et la caisse des dépôts d'Administration veillant jalousement à n'en point laisser de trop grandes quantité en circulation, préférant s'appuyer sur l'or de Forge pour commercer. Si, desmétauxqui forment la matière première des monnaies, nous passons aux monnaies elles-mêmes, nous verrons, en premier lieu, que celles dont on fait usage depuis un temps déjà reculé, sont tout simplement une certaine quantité, un certain poids d'or, d'argent ou de sélénium, convenablement mélangé, et dans des proportions déterminées d'une manière rigoureuse avec un autre métal, le cuivre. (...)
Comme cela arrive presque toujours pour les questions d'une solution compliquée, des systèmes différents et presque tous absolus ont voulu prouver, les uns l'indispensabilité d'un numéraire abondant, les autres sont inutilité complète, et des hommes du plus grand mérite se sont trouvés aux points extrêmes. Les uns, comme M. de Silismondi, se sont écriés : Hors desmétauxprécieux point de salut ; les autres ont dit, avec l'économiste exiléen Graciado : Sans crédit et sans monnaie de papier, pas de commerce, pas d'industrie et partant, pas de richesse et aussi pas de salut. (...)
[...] Je vous ai montré comment deux économistes également distingués, MM Silismondi et Graciado, avaient émis et soutenu des propositions tout-à-fait contraire sur la monnaie et le papier. D'après ce que je vous ai dit sur les deux systèmes, dont l'un est exclusif pour lesmétauxprécieux et l'autre pour les billets et le crédit, vous avez pu voir, en rapprochant ces doctrines des règles que nous avons déjà posé, qu'il ne s'agissait pas de prendre parti pour l'un des deux champions. (...)
Vous devez vous souvenir, en effet, que j'ai dit que la monnaie métallique était la monnaie par excellence, parce qu'elle était à l'abri des fraudes et que sa quantité ne pouvant jamais être augmentée ou réduite subitement dans de fortes proportions, les variations insensibles auxquelles elle était soumise, n'étaient par susceptibles d'apporter des troubles dans les relations commerciales : j'ai ajouté ensuite que l'emploi exclusif desmétauxprécieux, comme intermédiaires des échanges, présentait l'inconvénient de limiter les affaires au chiffre du capital en numéraire possédé par chaque nation. (...)