Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : feux (7)(...) A dix heures un quart les amarres furent larguées, et le steamer fila rapidement sur les sombres eaux du Grand Belt. La nuit était noire ; il y avait belle brise et forte mer ; quelquesfeuxde la côte apparurent dans les ténèbres ; plus tard, je ne sais, un phare à éclats étincela au-dessus des flots ; ce fut tout ce qui resta dans mon souvenir de cette première traversée. (...)
Cette île, si curieuse, est évidemment sortie du fond des eaux à une époque relativement moderne ; peut-être même s'élève-telle encore par un mouvement insensible. S'il en est ainsi, on ne peut attribuer son origine qu'à l'action desfeuxsouterrains. Donc, dans ce cas, la théorie de Humphry Davy, le document de Saknussemm, les prétentions de mon oncle, tout s'en allait en fumée. (...)
Avant l'existence des volcans, elle était faite d'un massif trappéen, lentement soulevé au-dessus des flots par la poussée des forces centrales. Lesfeuxintérieurs n'avaient pas encore fait irruption au dehors. Mais, plus tard, une large fente se creusa diagonalement du sud-ouest au nord-ouest de l'île, par laquelle s'épancha peu à peu toute la pâte trachytique. (...)
Telle fut la succession des phénomènes qui constituèrent l'Islande ; tous provenaient de l'action desfeuxintérieurs, et supposer que la masse interne ne demeurait pas dans un état permanent d'incandescente liquidité, c'était folie. (...)
Cependant, il fallait admettre que cette fissure était actuellement bouchée, car toute cette caverne, ou mieux, cet immense réservoir, se fût rempli dans un temps assez court. Peut-être même cette eau, ayant eu à lutter contre desfeuxsouterrains, s'était vaporisée en partie. De là l'explication des nuages suspendus sur notre tête et le dégagement de cette électricité qui créait des tempêtes à l'intérieur du massif terrestre. (...)
Les flammes ronflantes l'enveloppèrent. Un ouragan qu'on eût dit chassé d'un ventilateur immense activait lesfeuxsouterrains. Une dernière fois, la figure de Hans m'apparut dans un reflet d'incendie, et je n'eus plus d'autre sentiment que cette épouvante sinistre des condamnés attachés à la bouche d'un canon, au moment où le coup part et disperse leurs membres dans les airs. (...)
Je m'attendais à voir un cône couvert de neiges éternelles, au milieu des arides déserts des regions septentrionales, sous les pâles rayons d'un ciel polaire, au delà des latitudes les plus élevées, et, contrairement à toutes ces prévisions, mon oncle, l'Islandais et moi, nous étions étendus à mi-flanc d'une montagne calcinée par les ardeurs du soleil qui nous dévorait de sesfeux. Je ne voulais pas en croire mes regards ; mais la réelle cuisson dont mon corps était l'objet ne permettait aucun doute. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...