Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : chemin (45)(...) Puis, l'instant de la récréation venue, nous sortions tous les deux, nous prenions par les allées touffues de l'Alster, et nous nous rendions de compagnie au vieux moulin goudronné qui fait si bon effet à l'extrémité du lac ;cheminfaisant, on causait en se tenant par la main. Je lui racontais des choses dont elle riait de son mieux. (...)
Pouvait-il imaginer une indication plus exacte, et une fois arrivés au sommet du Sneffels, nous sera-t-il possible d'hésiter sur lecheminà prendre ? » Décidément mon oncle avait réponse à tout. Je vis bien qu'il était inattaquable sur les mots du vieux parchemin. (...)
Je gagnai donc les bords de l'Elbe, du côté du bac à vapeur qui met la ville en communication avec lecheminde fer de Hambourg. Etais-je convaincu de ce que je venais d'apprendre ? N'avaisje pas subi la domination du professeur Lidenbrock ? (...)
- Demain, cher Axel, je parlerai comme aujourd'hui. » Graüben et moi, nous tenant par la main, mais gardant un profond silence, nous continuâmes notrechemin, j'étais brisé par les émotions de la journée. « Après tout, pensai-je, les calendes de juillet sont encore loin et, d'ici là, bien des événements se passeront qui guériront mon oncle de sa manie de voyager sous terre. (...)
A cinq heures et demie, un roulement se fit entendre dans la rue. Une large voiture arrivait pour nous conduire aucheminde fer d'Altona. Elle fut bientôt encombrée des colis de mon oncle. « Et ta malle ? me dit-il. (...)
Marthe et la jeune fille, du seuil de la porte, nous adressèrent un dernier adieu ; puis les deux chevaux, excités par le sifflement de leur conducteur, s'élancèrent au galop sur la route d'Altona. VIII Altona, véritable banlieue de Hambourg, est tête de ligne ducheminde fer de Kiel qui devait nous conduire au rivage des Belt. En moins de vingt minutes, nous entrions sur le territoire du Holstein. (...)
Là ils disparurent à fond de cale. Mon oncle, dans sa précipitation, avait si bien calculé les heures de correspondance ducheminde fer et du bateau, qu'il nous restait une journée entière à perdre. Le steamer l'Ellenora ne partait pas avant la nuit. (...)
A sept heures du matin nous débarquions à Korsor, petite ville située sur la côte occidentale du Seeland. Là nous sautions du bateau dans un nouveaucheminde fer qui nous emportait à travers un pays non moins plat que les campagnes du Holstein. C'était encore trois heures de voyage avant d'atteindre la capitale du Danemark. (...)
S'égarer dans les deux rues de Reykjawik n'eût pas été chose facile. Je ne fus donc pas obligé de demander monchemin, ce qui, dans la langue des gestes, expose à beaucoup de mécomptes. La ville s'allonge sur un sol assez bas et marécageux, entre deux collines. (...)
Ca et là une ferme isolée, quelque boër5 solitaire, fait de bois, de terre, de morceaux de lave, apparaissait comme un mendiant au bord d'unchemincreux. Ces huttes délabrées avaient l'air d'implorer la charité des passants, et, pour un peu, on leur eût fait l'aumône. (...)
Hans loua les services de trois Islandais pour remplacer les chevaux dans le transport des bagages ; mais, une fois arrivés au fond du cratère, ces indigènes devaient rebroussercheminet nous abandonner à nous-mêmes. Ce point fut parfaitement arrêté. A cette occasion, mon oncle dut apprendre au chasseur que son intention était de poursuivre la reconnaissance du volcan jusqu'à ses dernières limites. (...)
Nous allons visiter son cratère. Bon. D'autres l'ont fait qui n'en sont pas morts. Mais ce n'est pas tout. S'il se présente uncheminpour descendre dans les entrailles du sol, si ce malencontreux Saknussemm a dit vrai, nous allons nous perdre au milieu des galeries souterraines du volcan. (...)
dit mon oncle, eh bien ! suismoi. » J'obéis machinalement. En sortant du presbytère, le professeur prit unchemindirect qui, par une ouverture de la muraille basaltique, s'éloignait de la mer. Bientôt nous étions en rase campagne, si l'on peut donner ce nom à un amoncellement immense de déjections volcaniques ; le pays paraissait comme écrasé sous une pluie de pierres énormes, de trapp, de basalte, de granit et de toutes les roches pyroxéniques. (...)
- Retiens bien ceci, reprit le professeur : aux approches d'une éruption, ces fumerolles redoublent d'activité pour disparaître complètement pendant la durée du phénomène, car les fluides élastiques, n'ayant plus la tension nécessaire, prennent lechemindes cratères au lieu de s'échapper à travers les fissures du globe. Si donc ces vapeurs se maintiennent dans leur état habituel, si leur énergie ne s'accroît pas, si tu ajoutes à cette observation que le vent, la pluie ne sont pas remplacés par un air lourd et calme, tu peux affirmer qu'il n'y aura pas d'éruption prochaine. (...)
On pouvait, en effet, considérer ce pic aigu comme le style d'un immense cadran solaire, dont l'ombre à un jour donné marquait lechemindu centre du globe. Or, si le soleil venait à manquer, pas d'ombre. Conséquemment, pas d'indication. (...)
- Mais peut-être cette coulée se prolonge-t-elle à de grandes profondeurs ? Il me semble que nous n'avons pas encore fait beaucoup decheminverticalement ? - Qui te fait supposer cela ? - C'est que si nous étions très avancés dans l'intérieur de l'écorce terrestre, la chaleur serait plus forte. (...)
Cependant mon oncle ne voulut paraître hésiter ni devant moi ni devant le guide ; il désigna le tunnel de l'est, et bientôt nous y étions enfoncés tous les trois. D'ailleurs toute hésitation devant ce doublecheminse serait prolongée indéfiniment, car nul indice ne pouvait déterminer le choix de l'un ou de l'autre ; il fallait s'en remettre absolument au hasard. (...)
Sauvages ou bêtes féroces, aucune de ces races malfaisantes n'était à craindre. On se réveilla le lendemain frais et dispos. La route fut reprise. Nous suivions uncheminde lave comme la veille. Impossible de reconnaître la nature des terrains qu'il traversait. Le tunnel, au lieu de s'enfoncer dans les entrailles du globe, tendait à devenir absolument horizontal. (...)
Nous tournons le dos au massif granitique ! Nous ressemblons à des gens de Hambourg, qui prendraient lecheminde Hanovre pour aller à Lubeck. » J'aurais dû garder pour moi mes observations. Mais mon tempérament de géologue l'emporta sur la prudence, et l'oncle Lidenbrock entendit mes exclamations. (...)
Ne voulait-il pas convenir, par amour-propre d'oncle et de savant, qu'il s'était trompé en choisissant le tunnel de l'est, ou tenait-il à reconnaître ce passage jusqu'à son extrémité ? Il était évident que nous avions quitté la route des laves, et que cecheminne pouvait conduire au foyer du Sneffels. Cependant je me demandai si je n'accordais pas une trop grande importance à cette modification des terrains. (...)
Sur les parois se voyaient distinctement des empreintes de fucus et de lycopodes ; le professeur Lidenbrock ne pouvait s'y tromper ; mais il fermait les yeux, j'imagine, et continuait sonchemind'un pas invariable. C'était de l'entêtement poussé hors de toutes limites. Je n'y tins plus. (...)
» Pendant que je parlais ainsi, mon oncle évitait de me regarder ; il baissait la tête ; ses yeux fuyaient les miens. « Il faut revenir, m'écriai-je, et reprendre lechemindu Sneffels. Que Dieu nous donne la force de remonter jusqu'au sommet du cratère ! - Revenir ! (...)
Bientôt même il fut constant que, si notre marche continuait, nous nous éloignerions du torrent dont le murmure tendait à diminuer. On rebroussachemin. Hans s'arrêta à l'endroit précis où le torrent semblait être le plus rapproché. Je m'assis près de la muraille, tandis que les eaux couraient à deux pieds de moi avec une violence extrême. (...)
Le couloir de granit, se contournant en sinueux détours, présentait des coudes inattendus, et affectait l'imbroglio d'un labyrinthe ; mais, en somme, sa direction principale était toujours le sud-est. Mon oncle ne cessait de consulter avec le plus grand soin sa boussole, pour se rendre compte ducheminparcouru. La galerie s'enfonçait presque horizontalement, avec deux pouces de pente par toise, tout au plus. (...)
Quant à mon oncle, il pestait contre l'horizontalité de la route, lui, « l'homme des verticales ». Sonchemins'allongeait indéfiniment, et au lieu de glisser le long du rayon terrestre, suivant son expression, il s'en allait par l'hypothénuse. (...)
D'ailleurs, de temps à autre, les pentes s'abaissaient ; la naïade se mettait à dégringoler en mugissant, et nous descendions plus profondément avec elle. En somme, ce jour-là et le lendemain, on fit beaucoup decheminhorizontal, et relativement peu decheminvertical. Le vendredi soir, 10 juillet, d'après l'estime, nous devions être à trente lieues au sud-est de Reykjawik et à une profondeur de deux lieues et demie. Sous nos pieds s'ouvrit alors un puits assez effrayant. (...)
Mais, le 13, vers midi, la faille prit, dans la direction du sud-est, une inclinaison beaucoup plus douce, environ quarante-cinq degrés. Lechemindevint alors aisé et d'une parfaite monotonie. Il était difficile qu'il en fût autrement. Le voyage ne pouvait être varié par les incidents du paysage. (...)
« Bon, pensai-je, j'ai marché trop vite, ou bien Hans et mon oncle se sont arrêtés en route. Allons, il faut les rejoindre. Heureusement lecheminne monte pas sensiblement. » Je revins sur mes pas. Je marchai pendant un quart d'heure. Je regardai. (...)
La pente en était assez raide. Je marchais avec espoir et sans embarras, comme un homme qui n'a pas le choix ducheminà suivre. Pendant une demi-heure, aucun obstacle n'arrêta mes pas. J'essayais de reconnaître ma route à la forme du tunnel, à la saillie de certaines roches, à la disposition des anfractuosités. (...)
Impossible de te trouver. Ah ! je t'ai bien pleuré, mon enfant ! Enfin, te supposant toujours sur lechemindu Hans-bach, nous sommes redescendus en tirant des coups de fusil. Maintenant, si nos voix peuvent se réunir, pur effet d'acoustique ! (...)
Relève-toi donc et reprends ta route ; marche, traîne-toi, s'il le faut, glisse sur les pentes rapides, et tu trouveras nos bras pour te recevoir au bout duchemin. En route, mon enfant, en route ! » Ces paroles me ranimèrent. « Adieu, mon oncle, m'écriai-je ; je pars. (...)
Ces souvenirs me revinrent à l'esprit, et je vis clairement que, puisque la voix de mon oncle arrivait jusqu'à moi, aucun obstacle n'existait entre nous. En suivant lechemindu son, je devais logiquement arriver comme lui, si les forces ne me trahissaient pas en route. (...)
Moi, je le désirais et je le craignais à la fois. Après une heure passée dans la contemplation de ce merveilleux spectacle, nous reprîmes lecheminde la grève pour regagner la grotte, et ce fut sous l'empire des plus étranges pensées que je m'endormis d'un profond sommeil. (...)
Depuis notre départ de Port-Graüben, le professeur Lidenbrock m'avait chargé de tenir le « journal du bord », de noter les moindres observations, de consigner les phénomènes intéressants, la direction du vent, la vitesse acquise, lecheminparcouru, en un mot, tous les incidents de cette étrange navigation. Je me bornerai donc à reproduire ici ces notes quotidiennes, écrites pour ainsi dire sous la dictée des événements, afin de donner un récit plus exact de notre traversée. (...)
» Je me souviens alors que le professeur, avant notre départ, estimait à une trentaine de lieues la longueur de ce souterrain. Or nous avons parcouru unchemintrois fois plus long, et les rivages du sud n'apparaissent pas encore. « Nous ne descendons pas ! (...)
Une fois arrivés au centre du sphéroïde, ou nous trouverons une route nouvelle pour remonter à sa surface, ou nous reviendrons tout bourgeoisement par lechemindéjà parcouru. J'aime à penser qu'il ne se fermera pas derrière nous. - Alors il faudra remettre le radeau en bon état. (...)
- Vraiment ! - Vraiment, car nous sommes à neuf cents lieues de Reykjawik ! - Voilà un joli bout dechemin, mon garçon ; mais, que nous soyons plutôt sous la Méditerranée que sous la Turquie ou sous l'Atlantique, cela ne peut s'affirmer que si notre direction n'a pas dévié. (...)
Il ne présente aucun caractère de ce prognathisme qui modifie l'angle facial12. Mesurez cet angle, il est presque de quatre-vingt-dix degrés. Mais j'irai plus loin encore dans lechemindes déductions, et j'oserai dire que cet échantillon humain appartient à la famille japétique, répandue depuis les Indes jusqu'aux limites de l'Europe occidentale. (...)
tu trouves, Axel ? - Sans doute, et il n'est pas jusqu'à la tempête qui ne nous ait remis dans le droitchemin. Béni soit l'orage ! Il nous a ramenés à cette côte d'où le beau temps nous eût éloignés ! Supposez un instant que nous eussions touché de notre proue (la proue d'un radeau ! (...)
Bien des années se sont écoulées entre le retour de Saknussemm et la chute de ce bloc. N'est-il pas évident que cette galerie a été autrefois lechemindes laves, et qu'alors les matières éruptives y circulaient librement. Voyez, il y a des fissures récentes qui sillonnent ce plafond de granit ; il est fait de morceaux rapportés, de pierres énormes, comme si la main de quelque géant eût travaillé à cette substruction ; mais, un jour, la poussée a été plus forte, et ce bloc, semblable à une clef de voûte qui manque, a glissé jusqu'au sol en obstruant tout passage. (...)
Cependant ces heurts étaient rares, d'où je conclus que la galerie s'élargissait considérablement. C'était, à n'en pas douter, lecheminde Saknussemm ; mais, au lieu de le descendre seul, nous avions, par notre imprudence, entraîné toute une mer avec nous. (...)
Nous montons avec une vitesse que j'évalue à deux toises par secondes, soit cent vingt toises par minute, ou plus de trois lieues et demie à l'heure. De ce train-là, on fait duchemin. - Oui, si rien ne nous arrête, si ce puits a une issue ! Mais s'il est bouché, si l'air se comprime peu à peu sous la pression de la colonne d'eau, si nous allons être écrasés ! (...)
Pourquoi ce calme et ce sourire ? « Comment ! m'écriai-je, nous sommes pris dans une éruption ! la fatalité nous a jetés sur lechemindes laves incandescentes, des roches en feu, des eaux bouillonnantes, de toutes les matières éruptives ! (...)
Dire comment nous étions arrivés dans l'île ne nous parut pas prudent : l'esprit superstitieux des Italiens n'eût pas manqué de voir en nous des démons vomis du sein des enfers ; il fallut donc se résigner à passer pour d'humbles naufragés. C'était moins glorieux, mais plus sûr.Cheminfaisant, j'entendais mon oncle murmurer : « Mais la boussole ! la boussole, qui marquait le nord ! (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...