Donjon en une page : le making of
Peut être avez-vous entendu parler du « One Page Dungeon contest » mené par nos amis anglophones. Dans le cas contraire, le principe est simple : il s'agit de créer un donjon « old school » ou un peu plus innovant, qui tient complètement sur une page avec plan, synopsis, description des salles, et conseils pour le faire jouer. La fin des entrées est fixée au 1er mars, vous avez donc encore 2 semaines pour préparer votre bébé ! Pour vous y aider voici une petite réflexion sur l'exercice, illustrée ...Contient : donjon (26)Donjonen une page : le making of Peut être avez-vous entendu parler du « One Page Dungeon contest » mené par nos amis anglophones. Dans le cas contraire, le principe est simple : il s'agit de créer undonjon« old school » ou un peu plus innovant, qui tient complètement sur une page avec plan, synopsis, description des salles, et conseils pour le faire jouer. (...)
La fin des entrées est fixée au 1er mars, vous avez donc encore 2 semaines pour préparer votre bébé ! Pour vous y aider voici une petite réflexion sur l'exercice, illustrée par le cas de l'exemple deDonjonen une Page qui sera mis en ligne sous peu sur ce site « Sewers of victorian London ». L'idée première de cedonjonétait d'aller au-delà du simple Porte-Monstre-Trésor en proposant une exploration avec une histoire, des opportunités d'interprétation et des challenges autres que la détection de pièges et l'extermination de montres... 1. Choisir un thème fort : La première étape de la création a consisté à choisir un thème pour ledonjon, afin de lui donner une identité, une ligne conductrice. Dans le cas de « Sewers of victorian London » (SovL dans la suite de cet article), j'ai considéré les univers et campagnes que j'avais en cours. Plutôt que de créer undonjonspécialement pour l'occasion, j'ai essayé de trouver un moyen de l'insérer dans une campagne existante, afin que tout le travail ne soit pas fait pour rien et que je puisse l'utiliser dans une prochaine partie avec mon groupe. A noter qu'un «donjon» n'est pas forcément limité aux univers médiévaux. Il y a autant de manières de définir undonjonque de rôlistes, mais on peut résumer une phase de «donjon» comme l'exploration d'un complexe de salles et de couloirs où les personnages doivent affronter des dangers. Ce peut être un bunker souterrain dans un univers contemporain, une base spatiale dans un univers space opéra, le labyrinthe du Minotaure dans un jeu antique, un manoir hanté dans un jeu fantastique... tout est donc possible et adaptable à votre univers. Je vous conseille donc de préparer undonjonpour votre univers/campagne en cours que vous connaîtrez mieux et que vous pourrez de plus utiliser à votre table par la suite. Comme j'ai actuellement en cours une campagne Rippers que l'on pourrait traduire par « Les Eventreurs » qui est un univers d'horreur gothique à l'époque victorienne, j'ai choisi de créer undonjondans cet univers. Ayant en tête l'idée d'un scénario où les personnages vont être confrontés à une créature hybride aquatique, j'ai utilisé la légende urbaine du monstre tapi dans les égouts pour choisir le thème. (...)
En réfléchissant ainsi à partir du lieu et de sa fonction première on évite de faire un assemblage hétéroclite de salles n'ayant aucun rapport les uns avec les autres. Ce qui compte et fait d'undonjonun moment intéressant pour le groupe, même expérimenté, c'est sa cohérence. S'il y a une bande de morts vivants dans votre repaire d'orques, il faut qu'il y ait une bonne raison derrière cela. (...)
J'ai donc préféré le supprimer, garder l'idée pour plus tard et me focaliser sur une seule idée maîtresse : undonjonavec trop d'idées tournera au fourre tout incohérent !!! Il faut donc choisir son idée maîtresse et développer en gardant ce thème en tête. (...)
Imaginer le déroulement de l'exploration : Après avoir trouvé puis sélectionné les idées qui viendront alimenter ledonjon, il faut passer à la carte. C'est le cheminement lorsque l'on créé undonjonclassique. Dans le cas de SovL, je voulais qu'il y ait une histoire, un cheminement dans l'exploration. J'ai donc auparavant essayé de cerner les grandes phases de l'exploration dudonjon, qui correspondrait un peu aux « 3 actes » d'un scénario. J'ai donc voulu trouver un cheminement logique et décomposer l'exploration dudonjonen phases. Cela ne va pas forcément conditionner les actions des joueurs, ces derniers restent complètement libres d'explorer ledonjonà leur guise, mais de préparer ce déroulé possible à l'avance permet de transformer l'exploration aléatoire en histoire un peu plus structurée. Pour SovL j'ai donc mis en évidence sur mon brouillon les 3 phases suivantes de l'exploration : -Compréhension de l'existence d'un laboratoire souterrain inondé qu'il faut purger avec le système de vannes pour y avoir accès (à moins de trouver un scaphandre ou un autre moyen d'explorer) -Exploration du laboratoire souterrain, découverte d'une génératrice d'énergie alimentant un système de pompes et de portes -Après pompage, découverte du passage qui mène à l'hybride et à la confrontation finale Bien sur les joueurs peuvent prendre un autre chemin : le tunnel qui mènera à l'hybride sera inondé, ils peuvent essayer d'y accéder dès le début, en nageant en apnée, mais cela sera plus difficile et les forcera d'affronter le monstre dans son élément, ce qui sera plus dangereux (mais pas impossible). (...)
Pour la préparation de la carte il faut trouver un équilibre entre cohérence et réalisme : réalisme car on va s'inspirer de lieux « réels » si c'est possible pour concevoir le plan de base, cohérence car il faut savoir à un moment se détacher du réel pour installer les éléments de jeu en formant une histoire cohérente mais qui s'inscrit dans la logique du lieu. Si votredonjonest installé dans un château fort, vous pouvez vous inspirer du plan de châteaux existant pour préparer le plan du bâtiment général. (...)
Quand vous commencerez à peupler les salles, il faudra se détacher du plan réel pour insérer les éléments de jeu originaux (salle de magie par exemple inexistante dans le château réel, mais qu'il faudra bien placer dans le plan de votredonjon). Au fur et à mesure du dessin, vous allez utiliser votre liste d'items brainstormés pour peupler ledonjonet placer les endroits au fur et à mesure sur votre brouillon, en repérant avec un nombre l'emplacement des différents points d'accroche, recopiant les numéros directement sur la liste préparée précédemment. Cela donne l'ébauche de légende dudonjon. Pour SovL, je me suis donc documenté un peu sur les réseaux d'égouts de cette époque pour préparer un plan général réaliste avant de m'éloigner un peu de ce plan pour installer les aspérités dudonjon: le laboratoire expérimental, le refuge du monstre, ... Tout en dessinant le plan, j'ai attribué des numéros aux points de ma liste et repéré l'emplacement des idées listées auparavant, en notant comme Errant ce qui n'aurait pas d'emplacement fixe : -Endroits avec plus de courants dans les réseaux d'eau - 3. -Nuée de rats - Errant. (...)
Les donjons « à l'américaine » font usage fréquent de ce principe, mais il challenge la cohérence dudonjon: pourquoi un monstre sortirait de nulle part ? Pour garder un tout cohérent, je n'ai inséré dans mes errants que des monstres qui ont une raison logique d'être là et que les personnages peuvent soit rencontrer au détour d'un couloir, soit retrouver dans leur refuge en allant au bon endroit. (...)
Le plan est alors refait, soit au propre, soit avec un logiciel (on reviendra dans un article futur sur quelques astuces bien précises sur la création de cartes avec ou sans logiciel spécialisé), puis est ajouté un petit synopsis décrivant le scénario, la légende un peu plus détaillée (autant qu'une page A4 recto le permet !), les crédits, la table de monstres errant et quelques notes pour expliquer la transposition dudonjonà d'autres univers. Dans le cas de SovL l'ensemble pourrait être transposé facilement à du contemporain fantastique, en élevant un peu le niveau de technologie des installations, en changeant les ambiances d'éclairage dans les couloirs et en donnant du matériel plus contemporain au disciple de savant errant. (...)
C'est tout pour aujourd'hui, j'espère que ces quelques conseils et le décorticage d'un exemple bien précis vous inspireront pour créer à votre tour votredonjonen une page. L'exercice est en tout cas très intéressant et force à être synthétique, simple et efficace. (...)