Histoire de Marin : Prise d'un Convoi Espagnol
Le brouhaha de la salle enfumée de l'auberge du Rat qui Pète fait lentement place au silence le plus complet. Tous les regards se tournent vers le vieil homme, maigre et ratatiné, qui se tient debout au comptoir. Son visage rouge de chaleur est marqué par des années d'une consommation immodérée de rhum. Comme s'il ignorait être au centre de l'attention, le vieil homme sort sa corde de tabac, qu'il mord pour en retirer une chique énorme. « Sang du diable, te fais pas prier, vieux Ben. Tu la racontes ...Contient : pélican (5)(...) Par ma chique, la galiotte dont on se rapproche par la poupe semble morte et déserte. Xabi fait mettre en panne, et lePélicanpasse à l'honneur au cul de la galiotte, dont on peut lire le nom : « Libertad ». FetNat et dix hommes se hissent sur la galerie de poupe. (...)
Notre capitaine fait passer la moitié des gars de notre équipage à bord du Libertad, déguisés en Espagnols, et l'autre sur lePélican. Et là, on n'a jamais autant ris. Une fois le jour levé, les pirates restés sur lePélicannous simulent un abordage pitoyable, à grand renfort de coups de mousquet et de pistolet. Les autres pirates, dont j'étais, jouant le rôle des hommes du Libertad, leur mettent une tripotée monumentale. (...)
Comme le convoi s'était assez distendu pendant la nuit, le temps qu'il rapplique, nous avons largement le temps de simuler une prise du navire pirate et de hisser les pavillons indiquant notre victoire. LePélican, beaucoup plus petit que le Libertad, est attaché en allège à la poupe du Libertad, toutes voiles carguées, pour se présenter comme un navire tout à fait inoffensif. (...)
Dans la nuit sombre et calme, De Vercourt, Ange, Xabi et FetNat, rejoints ensuite par Bichon et Ben, gagnent leur chaloupe, postée à quai dans le port de Basse-Terre. Ils rament vers lePélicanet les cinq navires Espagnols qui sont mouillés dans l'avant-port. Le clapotis paisible de l'eau contre la coque de la chaloupe n'est troublé que par les tirs de mousquet des gardes du gouverneur, vite étouffés par l'immensité de la nuit. (...)