Quelques mots sur la médecine légale
Contient : médecine (10)Quelques mots sur lamédecinelégale Combien de cadavres semés dans les scénarios de Maléfices ? Il est vrai que la mort, comme l'estimait Mozart, est le but ultime de la vie. (...)
Dans les vingt dernières années du XIXe siècle, en effet, une abondante littérature fait la synthèse des apports considérables de la recherche médicale applicable à l'expertise criminelle. De nombreuses thèses demédecinesont consacrées à cet aspect de l'art, dont beaucoup d'extraits sont diffusés par les Annales d'anthropologie criminelle [2]. Parmi les ouvrages majeurs, citons le Précis demédecinelégale, paru en 1886 (année de création des Annales d'anthropologie criminelle), dont l'auteur est l'éminent docteur Vibert, chef des travaux d'anatomie pathologique au laboratoire demédecinelégale de Paris. Mais le best-seller reste incontestablement le Vade-mecum du célébrissime docteur Lacassagne dont la première édition remonte à 1892 ; ce guide pratique s'adressait autant aux médecins qu'aux magistrats [3]. (...)
Dans ces années-là, le recours à l'expertise devient quasiment systématique devant les tribunaux. Pourtant, il n'existe alors aucune formation spécifique enmédecinelégale. En théorie, tout médecin peut être requis par l'autorité judiciaire en vue d'une expertise ou d'une autopsie. (...)
Dans les faits, la cour d'appel de la Seine prend l'initiative, dès le début des années 1880, d'organiser l'expertise en dressant une liste, classée par spécialités allant de lamédecineà l'horlogerie, de professionnels « aptes à exercer les fonctions d'expert judiciaire ». Le décret du 21 novembre 1893 est la première tentative officielle de réglementer la fonction de médecin légiste. (...)
Nommé par le procureur général de chaque cour d'appel sur proposition des tribunaux de première instance, le récipiendaire doit justifier d'un doctorat enmédecine, de cinq années de pratique... et de la nationalité française. En cas d'empêchement du médecin expert, les magistrats conservent cependant la faculté de commettre un praticien n'ayant pas le titre de médecin légiste. (...)
Le rapport n'a certainement pas été rédigé sur place : l'ensemble est bien écrit, malgré quelques ratures qui semblent indiquer qu'il a fait l'objet d'un seul et unique premier jet. La chose est étonnante compte tenu que tous les traités demédecinelégale conseillent aux praticiens de faire une copie du rapport ; le docteur Chassaing se sera certainement contenté de ses notes au cours de l'audience aux assises. (...)
Dans celui-ci, on trouve des tableaux décrivant l'ordre dans lequel les constatations doivent être faites en fonction de l'origine supposée de la mort : dans notre cas, chacune des victimes ayant reçu une vingtaine de coups de hache, le doute n'est pas permis ! La plupart des manuels demédecinelégale, justement, recommandent de prendre note des observations dans des tableaux préalablement établis. (...)
Rapport d'autopsieTriple homicide à Varagnat. Ames sensibles, s'abstenir ! Notes : [1] Les Experts du crime, lamédecinelégale au XIXe siècle, éditions Aubier, 2000, j'en recommande chaudement la lecture. [2] L'ensemble des archives de cette revue est disponible sur le site criminocorpus. (...)Combien de cadavres semés dans les scénarios de Maléfices ? Il est vrai que la mort, comme l'estimait Mozart, est le but ultime de la vie. Mais quand la viande refroidit prématurément, intervient un personnage bien connu des séries policières : le médecin légiste. Les experts du crime : La Belle Époque est celle des experts du crime récemment étudiés par Frédéric Chauvaud [1]. Dans les vingt dernières années du XIXe siècle, en effet, une abondante littérature fait la synthèse des apports considérables ...