Constantinople
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Contient : pape (10)(...) Déjà, des tentatives de sécession s'étaient produites en 646 dans l'exarchat d'Afrique, en 652 dans celui de Ravenne. Constant se vengea sur lepapeMartin Ier, coupable d'avoir condamné le monothélisme et surtout de n'avoir pas demandé à l'autorité byzantine de ratifier son élection; il fut amené à Constantinople et, après une parodie de procès, déporté à Kherson où il mourut de misère (656). (...)
La violence de ces querelles vient de ce qu'elles mettaient en jeu l'unité de l'Empire; dans l'Occident déjà politiquement morcelé, mais spirituellement uni autour d'un unique patriarche, lepape, elles n'auraient pu être de si grande conséquence. A Byzance, la sujétion du patriarche, et par conséquent de l'Eglise, à l'empereur n'a jamais été contestée. (...)
Celui-ci, qui avait déjà trouvé profit à l'abaissement des patriarches d'Antioche et d'Alexandrie devenus sujets des musulmans, se voyait ainsi nanti en Orient d'une autorité spirituelle comparable à celle dupapeen Occident. Conséquences de la perte de Ravenne : Le fils de Léon III, Constantin V, profita du déclin des Omeyyades, que les Abbassides devaient détrôner en 750, pour prendre l'offensive en Arménie, en Mésopotamie et en Syrie, tout en réussissant à tenir en respect les Bulgares. (...)
Mais, ainsi engagé en Orient, il ne put empêcher l'exarchat de Ravenne de tomber aux mains des Lombards. La perte de ce petit territoire lointain eut une très grave conséquence: lepape, ne pouvant plus compter sur la protection des armes byzantines, se tourna vers les Francs et cessa dès lors de se considérer comme le sujet de l'empereur grec. (...)
Photius devait son siège à Bardas qui, pour l'y installer, s'était débarrassé assez lestement du patriarche Ignace, représentant du parti des zélotes, c'est-à-dire des intransigeants (des moines surtout, particulièrement éprouvés par les persécutions iconoclastes), déçus de voir que la réconciliation de 843 s'était accomplie sans vengeance ni représailles à l'égard des vaincus. Il s'ensuivit une nouvelle querelle où Ignace et ses zélotes obtinrent l'appui dupapeNicolas Ier. Telle est l'origine du schisme de Photius, qui prit bientôt l'aspect d'une lutte entre les deux principaux patriarcats catholiques, et qui, opposant deux conceptions différentes de l'organisation de l'Eglise, annonçait le schisme du XIe siècle. (...)
Cette politique impérialiste et interventionniste inquiétait beaucoup l'Occident, particulièrement Venise, menacée par l'annexion de la Dalmatie, et Frédéric Barberousse, qui savait que Manuel, dans le dessein de lui enlever la couronne impériale d'Occident, négociait en sous-main l'union des Eglises avec lepapeAlexandre III et soutenait la ligue Lombarde avec l'or byzantin. Quand l'empereur mourut, quatre ans après la grave défaite de Myrioképhalon infligée par le sultan d'Iconium Kilidj Arslan, il n'avait guère que des ennemis en Occident, et il laissait un Etat épuisé où les charges militaires accablantes dévoraient progressivement toutes les sources de revenus. (...)
Dandolo était un politique de génie: il sut mettre à profit à la fois la quatrième croisade lancée par lepapeInnocent III et les prétentions du jeune Alexis Ange, fils d'Isaac que son frère Alexis III avait détrôné et aveuglé. (...)
Innocent III commit en 1208 une autre erreur très grave: quand le clergé de la capitale, se résignant à faire montre de loyalisme envers Henri de Hainaut, successeur de Baudouin, écrivit aupapepour reconnaître sa primauté et demander l'autorisation d'élire un patriarche de rite grec à côté du patriarche latin, comme à Antioche et à Jérusalem; il ne reçut même pas de réponse. (...)
L'Occident utile et détesté : Désormais il ne reste à jouer qu'une seule carte à l'Etat byzantin, et elle sera jouée, toujours avec les mêmes déceptions, sous Jean V, sous Jean VIII, sous Constantin XI: la carte de l'Occident. Aupapeseul Byzance a encore quelque chose à offrir: la fin du schisme et l'union avec Rome, en échange d'un secours sous la forme d'une croisage contre les Turcs organisée par Rome. (...)
L'union, obtenue au prix de grandes concessions de la part des Grecs, fut proclamée à Florence (6 juillet 1439), et une croisade organisée sous la direction du roi de Bohême, Vladislas II, du régent de Hongrie, Jean Hunyadi, et du légat dupape. Elle fut écrasée à Varna (1444) par Mourad II; à Constantinople, le parti de l'union n'avait pas eu un meilleur sort. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...