Être une femme pendant la Belle-Époque
Contient : époque (3), epoque (4)(...) Dans ces conditions, on va le voir, vouloir jouer un personnage féminin crédible à Maléfices n'est pas simple ! Envisageons en premier lieu ce que dit le droit de cetteépoque, dans une société compartimentée en groupes sociaux bien distincts. Les femmes et les étrangers représentent la majorité de la population mais il s'agit d'une majorité quasi-marginalisée, dans un monde strictement hiérarchisé et dominé par les catégories sociales de la haute société. (...)
A partir de 1881, les choses s'améliorent un peu puisque la loi admet qu'une femme puisse effectuer des retraits d'argent à la Caisse d'épargne. L'image même de la femme proposée dans les documents d'époqueparle d'elle même, comme le montre le document ci-après (voici le texte des cartouches, de gauche à droite en suivant la pyramide) : LA SOEUR DE CHARITE : 'Misère et douleurs je soulage, Dieu me soutient et m'encourage'. (...)
Quant aux prostituées, et autres « demi-mondaines », elles constituent un groupe marginal, varié et fort hiérarchisé constitué de femmes d'origines modestes (ouvrières, filles de la campagne, domestiques) et qui compte dans la société de la BelleEpoque. « La prostituée occasionnelle ou de »maison« protège, par son existence même, les femmes et les filles des honnêtes gens » (M. (...)
En effet, ne dit-on pas que le travail pervertit l'appareil reproducteur féminin, qu'il présente un risque certain de corruption au plan moral, qu'il écarte aussi les femmes de leurs tâches domestiques et les rend incapables d'élever des enfants en bonne santé ? « La BelleEpoqueprésente donc trois modèles de femmes : la madone, la muse ou la séductrice » (M. Winock). Dans ces conditions, la femme au travail ne peut pas être valorisée. (...)
En effet, comme le confiait une dame à Edmond Goblot : « Au lycée, ma fille se trouverait avec les enfants de mes fournisseurs... ». Cette dernière phrase est révélatrice de l'état d'esprit de la bourgeoisie de l'époque. Il y aurait beaucoup à dire sur la morale, les moeurs, l'éducation des jeunes filles et la place qu'y occupent leurs mères, mais ceci fera l'objet d'un prochain article. (...)
Ces personnalités fortes sont toutefois des pionnières qui font encore scandale et, malgré d'incontestables évolutions au cours de la période de la BelleEpoque, il reste évident que d'énormes progrès demeurent à accomplir pour donner aux femmes une place plus importante. (...)
On aboutit donc à ce paradoxe qui personnellement me ravit : à Maléfices, les personnages masculins sont « des gens ordinaires que l'aventure vient rendre extraordinaires ». En revanche, joueuses, mes soeurs, nos personnages de femmes de la BelleEpoquesont exceptionnelles avant même que l'Aventure ne vienne frapper à leur porte ! Marie-Catherine PALANCHINI. (...)Il convient tout d'abord de préciser que cet article est centré sur la situation des femmes françaises qui, même si l'on remarque quelques améliorations au cours de la période, n'est guère enviable dans bien des domaines. La plupart des femmes ont en effet une existence de soumission et de dépendance au monde masculin et sont, pour reprendre la formulation employée par Maurice Hauriou, dans une note parue dans le Recueil général de lois et des arrêts , fondé par J-B.Sirey, un « citoyen inexistant ...