De la monnaie et du numéraire
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Du métal et des monnaies. « Le numéraire ne servant ni à la nourriture de l'homme, ni à son entretien, ni à rien de ce qu'il consomme pour son usage, il faut chercher ailleurs la raison de l'importance qu'on lui accorde et de l'intérêt qu'on attache à en posséder la plus grande quantité possible. Nous trouvons bien, dans l'histoire, que quelques peuples ont vécu heureux sans lui, et ont atteint un certain degré de puissance ; mais ces exemples sont excessivement rares, tandis que le nombre des ...Contient : numéraire (15)De la monnaie et dunuméraireDu métal et des monnaies. « Lenumérairene servant ni à la nourriture de l'homme, ni à son entretien, ni à rien de ce qu'il consomme pour son usage, il faut chercher ailleurs la raison de l'importance qu'on lui accorde et de l'intérêt qu'on attache à en posséder la plus grande quantité possible. Nous trouvons bien, dans l'histoire, que quelques peuples ont vécu heureux sans lui, et ont atteint un certain degré de puissance ; mais ces exemples sont excessivement rares, tandis que le nombre des pays où l'on remarque l'emploi des monnaies est incalculable ; on en retrouve des traces partout et à toutes les époques. (...)
Nous nous occuperons plus tard de ces perfectionnements de la monnaie, des banques et du crédit ; continuons, ce soir, nos recherches sur lenumérairemétallique, et terminons d'abord par quelques chiffres, ce qui a rapport aux métaux proprement dits. (...)
Comme cela arrive presque toujours pour les questions d'une solution compliquée, des systèmes différents et presque tous absolus ont voulu prouver, les uns l'indispensabilité d'unnuméraireabondant, les autres sont inutilité complète, et des hommes du plus grand mérite se sont trouvés aux points extrêmes. (...)
[...] Jusqu'à présent, l'expérience a montré que la prospérité, pour être moins progressive, était plus durable et plus stable dans les pays où l'on avait adopté deux espèces de monnaies dans de justes proportions, variables selon les circonstance. [...] Lenumérairedoit sa qualité de marchandise que nous lui avons reconnue, de se déprécier par l'abondance et de s'élever par la rareté. (...)
Aussi, remarque-t-on que dans tous les pays qui ont multiplié leurs capitaux par le crédit et les banques, le prix des choses a haussé, c'est-à-dire qu'il a fallu une plus grande quantité denuméraireque par le passé, pour obtenir les mêmes denrées, les mêmes marchandises ; il en est résulté que ceux, par exemple, qui étaient à leur aise, il y a trente ans, le sont moins aujourd'hui. (...)
Au moyen de cette création successive et chaque fois renouvelée des billets de banque et des lettres de change, ceux qui les ont émis sont parvenus à tripler et à quadrupler leurs affaires, à les décupler même. En Sostrie, où lenuméraireest deux fois moindre qu'en Autrelles, on y fait des affaires deux fois plus considérables, avec le secours des billets particuliers, qui circulent comme papier monnaie et qui sont escomptés par les banques. A Terraine même, on a remplacé presque complètement lenuméraire, et, jusqu'à un certain point, la monnaie de papier, dont nous allons nous occuper tout à l'heure. (...)
Mais on a été conduit à un moyen, dont on a plus tard abusé, qui dispense en partie la maison de change de donner dunuméraire; et c'est là ce qui distingue la civilisation exiléenne de toutes celles qui l'ont précédée. Aujourd'hui, une maison de change, avec une très petite quantité denuméraire, rend les mêmes services que si elle avait beaucoup d'argent, et c'est ce qu'il me sera facile de vous expliquer. (...)
Encore dans ce cas, la banque peut-elle donner des coupons de 500 sequins et même de 250 en province ; ce sont ces petits billets qu'on échange de préférence. Dans quelle proportion la banque peut-elle émettre des billets relativement aunumérairequ'elle possède ? En se basant sur des observations de plusieurs années, et en comptant le nombre des remboursements qui se sont faits terme moyen dans les termes ordinaires, bien que des dépenses puissent varier d'après une foule de circonstances, on a vu qu'on pouvait émettre des billets pour une somme quatre fois plus forte que la provision en espèce et qu'une banque au capital de cent millions pouvait avoir une circulation de quatre cent millions. (...)
Vous devez vous souvenir, en effet, que j'ai dit que la monnaie métallique était la monnaie par excellence, parce qu'elle était à l'abri des fraudes et que sa quantité ne pouvant jamais être augmentée ou réduite subitement dans de fortes proportions, les variations insensibles auxquelles elle était soumise, n'étaient par susceptibles d'apporter des troubles dans les relations commerciales : j'ai ajouté ensuite que l'emploi exclusif des métaux précieux, comme intermédiaires des échanges, présentait l'inconvénient de limiter les affaires au chiffre du capital ennumérairepossédé par chaque nation. Quant aux billets de crédit, j'ai reconnu l'avantage qu'ils offraient de donner du stimulant aux affaire, de faciliter les rapports commerciaux ; mais j'au dû appeler toute votre attention sur la facilité avec laquelle on pouvait, en abusant du droit d'émission, bouleverser et détruire en quelques mois le crédit public et les fortunes privées. (...)
La position devint plus grave et la banque fut sur le point de suspendre entièrement ses opérations, lorsque les besoins du gouvernement, ayant forcés celui-ci à lui demander de nouvelles anticipations sur les revenus publics, elle ne put les effectuer qu'en billets de nouvelle création qui n'étaient représentés par aucune augmentation de son capital ennuméraire. De toutes parts, il arrivait des demandes d'espèces auxquelles on ne pouvait satisfaire, et les choses en vinrent à ce point que le Sixte Deux Nouvel 1392, dernier jour du paiement en espèces, il n'y avait en caisse que 1,272,000 sigiles - la monnaie autrelienne - et tout annonçait que des demandes bien plus considérables pleuvraient sur la banque le Prime suivant. (...)
Il se décida néanmoins, et, dans la journée de Septime, il fit publier un ordre de conseil qui défendait aux directeurs de payer leurs billets ennuméraire, jusqu'à ce qu'on eût pris l'avis du roi. Il fut décidé alors de maintenir cette restriction durant tout le temps de la guerre, et de ne la lever que six mois après la signature d'un traité de paix définitif avec l'Empire de Kargarl. (...)
L'économiste autrellien Galasber s'autorisa de ce fait pour soutenir dans ses ouvrages, et notamment dans celui qu'il publia sous le titre de : PROPOSITIONS POUR UNE MONNAIE ECONOMIQUE ET SURE, que lenumérairen'était point indispensable, puisqu'on avait pu le suppléer sans inconvénients trop graves, justement pendant une période fort difficile, celle de la guerres soutenue contre l'ennemi impérial. (...)