L'Epopée de Thror (3) : Le Pas des gobelins
sur Arnheim
Contient : gobelins (16)L'Epopée de Thror (3) : Le Pas desgobelinsPendant huit jours, Thror et Ganyal avaient fait route ensemble vers le sud ; ils n'avaient rencontré personne sur leur chemin, pas même un animal, et les provisions commençaient à s'épuiser quand un soir Ganyal qui s'était éloigné pour aller chercher du bois pour le feu revint tout joyeux vers son ami. (...)
La nuit Thror se mit à réfléchir : il avait entendu parler de ces régions et d'après ce qu'on lui avait raconté elles étaient peuplées de tribus deGobelinsqui faisaient du commerce avec les Orques des montagnes et qui n'attendaient qu'un chef de guerre suffisamment malin et populaire pour les rassembler et les emmener piller les riches cités portuaires du golfe Noir, à commencer par la plus importante d'entre elles, la ville fortifiée des Nains de Barak Varr. (...)
C'était un repère d'Orques, et il était inutile d'espérer y pénétrer sans une puissante armée. - 'Eh bien je pense que je vais aller là où j'aurai le plus de chances de rencontrer desGobelins: au Sud ! dit Thror en contemplant la lande qui s'ouvrait devant lui. Ganyal fronça les sourcils : - Pour en rencontrer, vous en rencontreriez faites-moi confiance ! (...)
Non, bien sûr, vous n'aviez jamais quitté votre Montagne auparavant. Je vais vous le dire : on l'appelle le Pas desGobelins, et il porte bien son nom : c'est la principale route commerciale entre les Terres Arides et les forteresses Orques du Nord, et c'est par là que passent les convois de marchandises et les armées de Peaux Vertes venant du Sud. (...)
Les ajoncs que vous voyez le long du sentier ont des épines si pointues qu'il vous sera impossible de vous réfugier dans la lande, et le Pas est si long qu'il vous faudrait au moins sept jours pour le parcourir de bout en bout. Une fois que vous serez surpris en plein milieu par une tribu deGobelinsvous serez bien avancé : ils vous cribleront de flèches et vous n'aurez pas le temps d'en tuer un seul ! (...)
Cependant, toutes ces réflexions ne lui ôtaient pas de la tête qu'il s'était engagé sur ce sentier non pas pour découvrir à quoi ressemblaient les sangliers mais pour rencontrer et tuer desGobelins; or, malgré les avertissements de Ganyal ceux-ci restaient introuvables. Pourtant, au soir du troisième jour, Thror aperçut enfin au coeur de la lande une lumière vacillante et lointaine qui semblait provenir d'une torche. (...)
Bientôt le Nain put entendre des cris perçants et des claquements de fouets ; c'était manifestement une colonne deGobelinsqui remontait le Pas au trot sous les coups et les injures de ses chefs. Thror décida de se dresser au milieu du sentier, prêt au combat et attendant ses ennemis de pied ferme. De toute évidence lesGobelinsne soupçonnaient pas qu'un étranger puisse se risquer aussi loin dans leurs terres, et la seule préoccupation de chacun d'entre eux était pour toute la durée de la traversée du Pas de se trouver le plus longtemps possible en tête de la colonne pour avoir l'honneur d'ouvrir la marche. (...)
La magie runique dont elle était chargée venait de décharger toute sa puissance dans le coup qu'il avait porté, et bien qu'il n'eût tué qu'un misérable Gobelin, Thror sentait une extraordinaire facilité à manier son arme qui semblait animée d'une vie propre. Il se prépara à affronter les autresGobelinsqu'il entendait arriver en masse dans le sentier mais qui n'avaient pu voir ce qui s'était passé, le chemin décrivant une courbe juste à l'endroit où Thror se tenait. (...)
Ceux qui les suivaient eurent le temps de s'arrêter en pleine course, lâchèrent leurs torches en couinant de peur et tentèrent de faire demi-tour à toute vitesse, mais ils se heurtèrent à d'autresGobelinsqui arrivaient à leur tour sur les lieux et provoquèrent un bel accident. Bientôt le désordre fut total. LesGobelinsmouraient les uns après les autres sous les coups du Tueur, et ceux qui arrivaient à lui échapper refluaient dans le sentier et se retrouvaient bloqués par le reste de la colonne, ou sautaient dans les ajoncs et hurlaient de douleur, la peau déchirée par les épines acérées des taillis. Tous lesGobelinsqui avaient vu le Nain et qui avaient pu lui échapper en retournant sur leurs pas effrayèrent leurs camarades par leurs cris ou leurs blessures, et allumèrent le signal de la panique générale, qui se propagea en un instant à toute la colonne. (...)
Le bruit courut qu'un puissant guerrier faisait une hécatombe parmi ses ennemis en tête de la colonne et que nul ne pourrait lui échapper ; d'autres affirmaient que la caravane était tombée dans une embuscade tendue par les Hommes de la vallée ; d'autres enfin (et c'étaient les plus nombreux) n'affirmaient rien du tout et se contentaient de fuir en poussant des hurlements. Les chefs Orques qui encadraient lesGobelinstentèrent bien de calmer les esprits en distribuant des volées de baffes et de coups de fouet mais ils n'arrivèrent à aucun résultat et certains d'entre eux commencèrent même à fuir à leur tour. (...)
Pendant ce temps, Thror poursuivait ses ennemis en enjambant des dizaines de cadavres sur son chemin et en éliminant impitoyablement les retardataires. LesGobelinsétaient cependant parvenus à prendre un peu d'avance sur lui malgré leur fuite désordonnée, poussés sans doute par la motivation de garder leur tête en place sur leurs épaules, et, chose plus grave, avaient involontairement mis le feu aux broussailles en laissant tomber leurs torches dans leur course effrénée. (...)
Thror quant à lui arborait un sourire funeste ; il n'avait jusqu'ici pas combattu à proprement parler et avait simplement taillé en pièces une vingtaine deGobelinsapeurés qui ne lui avaient pas opposé la moindre résistance ; la perspective d'un véritable duel à mort où seul le plus brave et le plus fort survivrait lui donnait enfin la satisfaction d'être face à son destin. (...)
Le Nain venait de remporter sa première victoire, mais il pensait qu'elle était également la dernière : le sentier était envahi par les flammes des deux côtés, le maquis était en feu sur le bord Est du Pas desGobelinset le bord Ouest, plein d'ajoncs aux aiguilles acérées, ne tarderait pas à brûler aussi. Toute fuite par ce côté-là aboutirait à des souffrances inutiles, le corps percé par des milliers d'épines, et le feu le rattraperait au bout de quelques mètres. (...)Pendant huit jours, Thror et Ganyal avaient fait route ensemble vers le sud ; ils n'avaient rencontré personne sur leur chemin, pas même un animal, et les provisions commençaient à s'épuiser quand un soir Ganyal qui s'était éloigné pour aller chercher du bois pour le feu revint tout joyeux vers son ami. - 'J'ai aperçu du haut de cette colline une rivière que je connais bien, et qui mène à Barak Varr. Je sais où nous nous trouvons à présent : nous sommes aux portes des Terres Arides, entre ...